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Une voix au service des mots

C’est à Brassens que Fred Elian doit son amour de la chanson française. Très jeune encore, il accéda, grâce à son père, interprète inconditionnel du grand Georges, au monde inédit du poète. Parvenu à l’adolescence, Fred allait découvrir Jean-Michel Caradec, artiste fauché en pleine jeunesse, et quelques voix d’Outre-Atlantique comme Bob Dylan ou Neil Young. La guitare, tout naturellement, s’imposa comme instrument d’accompagnement. Alors qu’il était encore au lycée, Fred eut la chance de se produire aux côtés de Joël Favreau, guitariste de Brassens, et d’un certain Allain Leprest. Stimulé par ces rencontres et la ferveur de ses aînés, Fred, en parfait autodidacte, n’eut dès lors qu’une idée en tête : devenir auteur-compositeur-interprète, tout en restant conscient des embûches notoires du parcours.
 
C’est pour vaincre sa timidité que Fred Elian s’obligea à monter sur une scène. « C’est sans doute par besoin d’être aimé qu’on ose affronter un public, avoue-t-il. J’étais tellement introverti que je dus me faire violence pour chanter devant un public.
C’est à la chanson que je dois mon intérêt pour la poésie et la guitare. À mes yeux, c’est le texte qui, à soixante-dix pour cent, fait la force intrinsèque d’une chanson. La musique et la voix doivent se mettre au service des mots ».
 
Revendiquant ses maîtres, parmi lesquels figurent Cabrel et Le Forestier entre autres, sans oublier l’œuvre étonnante de Caradec qu’il connaît mieux que quiconque, Fred Elian a participé en octobre 2012 à un double concert donné au XXème Théâtre à Paris, en hommage à Jack Treese, artiste américain de la scène française des années 70-80, dont l’œuvre, par sa richesse, mérite une large redécouverte. La fine fleur du métier prit part à l’événement. Un superbe coffret de trois CD, en vente ici est sorti fin 2013. On y retrouve avec Fred des artistes de renom comme David Mac Neil, Jean-Jacques Milteau, Michel Haumont, Patrice Caratini, entre autres.
 
Mais au-delà des hommages aux aînés, c’est aujourd’hui à son propre répertoire que Fred se consacre. Ayant déjà connu quelques scènes parisiennes (Théâtre de l’Essaïon, Casino de Paris, XXème Théâtre) tout espoir lui est permis. Ses qualités vocales et ses dons de compositeur s’imposent dès la première écoute. Exigeant dans ce qu’il entreprend, insoucieux des idoles et des recettes du jour, Fred n’abandonne rien au hasard, oscillant entre romantisme et ironie bien tempérée. S’étant produit avec nombre d’artistes, il ne néglige pas les duos, partageant quelquefois la scène avec une chanteuse (Madeline Caradec, Nicole Rieu, Jyane Azelle) et des musiciens amplement confirmés.
 
Ayant suivi son cheminement depuis une dizaine d’années, nous voyons désormais en lui un réel espoir pour demain. Ce garçon parfaitement maître de sa voix et de ses choix a gardé la fraîcheur de ses débuts aventureux. Il émeut par son style et son refus de l’artifice. Travaillant comme un artisan dans son propre studio, il fait surgir de sa guitare des musiques toujours plus soignées. On ne peut que lui souhaiter toute la réussite qu’il mérite.
 
L. P. 
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